Dans un récent entretien accordé au quotidien britannique "Mirror", Yaya Touré (35 ans) revient 15 ans en arrière à l’époque où il évoluait en Ukraine. A l’époque, une scène de racisme visant son père l’a profondément marqué.
Le racisme est malheureusement à la une ces derniers mois. Wilfried Zaha contre Arsenal, Kalidou Koulibaly et Franck Kessié à l’Inter, Moïse Kean à Cagliari ou encore Raheem Sterling avec la sélection Anglaise face au Monténégro, pour ne citer que ces exemples.
It was important for me to ask the question everyone wants to know!!!
— Yaya Touré (@YayaToure) 3 avril 2019
Talking is part of the process but means very little if there is no action or change!
Let’s change the situation!! I stand with you Moise Kean!!! ???????? https://t.co/GMNVUQdF1X
C’est notamment en évoquant le cas de son ex-coéquipier de Manchester City (Sterling ndrl) qu’a profité Yaya Touré pour conter une anecdote incluant son père, M. Mory Touré.
4 ans après son arrivée en Europe en provenance de l’ASEC Mimosas (Côte d’Ivoire), le milieu Ivoirien quitte Beveren (Belgique) pour l’Ukraine ou il s’engage avec le Metalurg Donetsk (2004-2005). Il n’en gardera pas un bon souvenir !
En effet c’est dans ce pays de l’Europe de l’Est que Yaya Touré alors âgé de 20 ans va faire connaissance avec le racisme dans le milieu du foot. Lors des matchs, le talentueux milieu Ivoirien devait faire avec des cris de singe et même un chant raciste en son honneur. Le comble c’est que parfois ses propres ‘‘supporteurs’’ poussaient la pathétique chansonnette.
Yaya est passé par tous ses états face à cette hostilité causée à tord pas sa couleur de peau.
« Je me suis d'abord senti humilié et très en colère. Les cris de singe étaient pires que tout. Parfois, nos propres fans le faisaient. Je devais m'y habituer.
J'essayais de jouer au football et les fans chantaient: "Black s *** !, Black *** !, Rentre chez toi!". C'était difficile, très difficile ! Et je devais y retourner chaque fois… »
N’en pouvant plus de supporter ces humiliations gratuites, le jeune Yaya alerte son père. Mais son géniteur lui demande de ne pas renoncer.
« Je me souviens avoir appelé mon père. Je lui ai dit: "Ils faisaient les cris singes devant moi. Papa, je me sens très mal!" Il m'a dit d'aller jouer. Il ne voulait pas que cela m’affecte, mais en vrai il ne réalisait pas à quel point j'étais déjà affecté. »
Vient le jour où Touré, le père, décide de venir en Ukraine, voir son fils jouer et lui apporter son soutien. Ce jour-là, il va prendre conscience de ce que son fils vit au quotidien.
« Un jour, mon père est venu au stade, il a pris place dans les tribunes. Automatiquement tous les sièges occupés par des personnes de couleur blanche autour de lui se sont vidés.
Je me souviens qu'il m'a demandé: "Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que je sens mauvais ?" Je lui ai dit: "Papa, tu te souviens quand je t'ai appelé et que je t'ai parlé des gens qui faisaient des cris de singe et que tu m'as dit que je devais l'accepter ? Il m'a dit: "Oui, mon fils, c'est très grave." Il était très en colère. »
Yaya Touré rejoint la Grèce la saison d'après et remporte le doublé avec l'Olympiakos. Il il participe pour la première fois à la Ligue des champions, et se fait ainsi connaître en Europe. La suite vous la connaissez…
L'ex-milieu des Cityzen est revenu sur l’attitude de Raheem Sterling lorsqu’il a été visé par des cris de singe. Après avoir marqué le cinquième but anglais (1-5), Sterling s'est dirigé vers les supporteurs monténégrins en tâtant ses oreilles de ses mains, comme pour dire ‘‘vous pouvez toujours crier, je ne vous entends pas !’’
« Même si vous vous y préparez, quand vous en devenez victime, vous êtes toujours sous le choc. C'est pourquoi j'ai été surpris que Raheem Sterling soit resté si calme. Il est comme mon petit frère. Quand vous avez vu ce qu'il a fait, il est sûrement le footballeur de l'année. »
Best way to silence the haters (and yeah I mean racists) ???????? #2019 #getsomeeducation pic.twitter.com/ohhkOJtdey
— Raheem Sterling (@sterling7) 25 mars 2019
Le Champion d’Afrique 2015 qui s’est investi depuis ces dernières année dans la lutte contre le racisme s’est également l’inaction de la FIFA face à ce fléau.
« Ils s'asseyent juste autour d'une table pour boire leur café ou leur vin (parlant des responsables du foot ndlr). Et quand ils voient un cas comme celui de Raheem, ils se téléphonent tous pour se dire 'Nous devons nous réunir! Nous devons faire quelque chose!' Pour finir par se resservir du café…
Cela ne devrait pas fonctionner ainsi ! Nous devons être proactifs. Prendre des mesures visibles. Nous devons travailler avant que ce genre de situations ne se produisent. »
a conclu l’ivoirien.
Thank you @farenet for your vital work!
— Yaya Touré (@YayaToure) 1 avril 2019
I feel very proud to be recognised at the #Fare20 celebration
My work against racism will not stop!!! Together we can beat this. pic.twitter.com/CDlGDXknDE