De passage à Auxerre, Bonaventure KALOU s'est confié sur la question de l’esclavage

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De passage à Auxerre, Bonaventure KALOU s'est confié sur la question de l’esclavage

De passage à Auxerre, Bonaventure KALOU s'est confié sur la question de l’esclavage

À 41 ans, Bonaventure KALOU, passé par l’AJA, le PSG et le RC Lens, se démène aujourd’hui sur le terrain de la politique. De passage à Auxerre, l’ancien international ivoirien s’est confié avec classe et humanisme, avant un colloque Rive Droite sur la question de l’esclavage.


L’attaquant aura marqué des buts et les esprits à l’AJ Auxerre, de 2003 à 2005. Période icaunaise ponctuée d’une Coupe de France, avant d’en faire de même sous les couleurs du Paris Saint-Germain. Bonaventure Kalou retrouve cette semaine L’Yonne, avec la casquette de l’homme politique.

 

Il participe, ce vendredi 10 mai, à la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, et sera présent, samedi 11 mai, pour rendre hommage à Victor Schoelcher, square de la Laïcité (11 heures), puis place des Droits-de-l’Homme (17 heures), à Auxerre.

 

kalou

 

Rencontre avec l’ancien footballeur international ivoirien, devenu maire de la ville de Vavoua, en Côte d’Ivoire.

 

Quel sentiment vous gagne de retour à Auxerre, ville qui a compté et compte encore pour vous ?

J’y suis revenu plusieurs fois mais c’est toujours avec la même émotion. J’ai de la famille ici. Une ville avec laquelle j’ai un lien très fort et dont je retiens la gentillesse des gens. Dans ma carrière de footballeur, Auxerre a permis d’exprimer tout mon talent. Ma fille est née ici. C’est un peu chez moi. Pas "un peu". Ici, c’est chez moi.

 

Vous parliez de talent. Celui pour la politique a-t-il éclos récemment et émane-t-il d’une volonté plus lointaine ?

Ce n’est pas venu sur un coup de tête. Lors des obsèques de mon père à Vavoua, j’ai vu l’état dans lequel se trouvait cette ville, très chère au cœur de mon défunt père. Avec mes contacts et mon passé de footballeur, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Alors je me suis engagé. D’aucuns diront que j’essaie de marcher dans les traces de mon père. Il y a aussi de la conviction derrière.

 

George Weah, votre idole, s’est aussi engagée en politique, jusqu’à la présidence du Liberia. Vous êtes-vous inspiré de lui ?

Il est l’idole de presque tous les footballeurs africains, sur le terrain et en dehors. Une référence en termes d’engagement et de comportement. Pendant la guerre au Liberia, j’ai vu tout ce qu’il faisait pour ses compatriotes en exil. Donc ça ne m’étonne pas de le voir à ce niveau-là. Je ne parle pas du footballeur, une référence, le seul Africain à avoir gagné un Ballon d’or. C’est surtout l’homme que je respecte. Parce qu’il sort des clichés qui collent à la peau du footballeur. Lui, c’est autre chose.

 

Pourquoi avoir accepté de participer à ce colloque de jeudi, sur les questions de l’esclavage ? Que vous inspire cette thématique ?

En tant qu’Africain, l’esclavage est une plaie pour l’histoire de l’humanité, au même titre que la Shoah. S’il n’y avait pas eu des gens comme Victor Schoelcher, qui a refusé cette ignominie, peut-être que je ne serais pas là devant vous en train de vous parler… C’est quelqu’un de très grand. Je suis fier de venir le célébrer et célébrer cette journée. Fier qu’Auxerre ait pensé à mon humble personne. C’est aussi une fierté pour toute la Côte d’Ivoire.

 

Votre venue marque aussi une lucarne à partenariats, comme avec la Maison des jumelages, non ?

Tout à fait. Avec tout ce que j’ai pu vivre ici, Auxerre est pour moi une référence. J’ai passé deux superbes années ici, jamais eu de souci… Il fallait que je revienne. En tant que maire, c’est la première ville avec laquelle je compte tisser des liens. Cette histoire doit continuer. Je veux m’inspirer de cette ville.

 

kalou

 

Si vous aviez un souvenir à retenir de votre aventure auxerroise, serait-ce le fait d’avoir joué les sauveurs en finale de Coupe de France 2005 contre Sedan (2-1) ou un tout autre moment ?

Il y a la naissance de ma fille, et ce moment incroyable où je rentre en fin de match et je marque ce but (90e+4, ndlr), qui permet à l’AJA de gagner la Coupe de France. J’en garde un souvenir très fort.

 

Par cette Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, en quoi est-ce important de se souvenir ?

On se souvient pour ne pas que cela se répète. L’esclavage est un point noir dans l’histoire de l’humanité. Je suis très reconnaissant au président Jacques Chirac d’avoir instauré cette journée. Il faut s’en rappeler pour que, demain, ça n’arrive plus. Plusieurs pays ont participé à la traite négrière, à l’esclavage. La France n’est pas le pays des Droits de l’Homme pour rien. Donc c’est normal de voir cette commémoration en France. J’espère que cela fera tache d’huile dans d’autres pays. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas été touché par un fléau qu’on ne doit pas prendre fait et cause pour que ça n’arrive plus.

 

Quelles possibilités, quel pouvoir de décision en tant que maire sur ces questions ?

Chaque fois que l’occasion m’est donnée, je ne dénonce pas seulement l’esclavage, mais aussi le racisme, l’antisémitisme… tout ce qui n’honore pas l’humanité dans son ensemble. Chaque injustice, il faut la dénoncer avec vigueur. Il reste beaucoup de choses à faire mais ne baissons pas les bras en disant que c’est une fatalité. Il y a des choses que nous ne devons pas accepter. Quelle que soit la couleur, on est tous égaux. Tous des êtres humains.

D'où provient l'info

  • Source : L'Yonne Républicaine
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  • Dernière mise à jour : Ven, 10 Mai 2019 à 22h 24
  • Contacter l'auteur : news@mondialsport.net

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