Du chômage à la Ligue des Champions et un retour en sélection, Akpa Akpro raconte sa traversée du désert

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Du chômage à la Ligue des Champions et un retour en sélection, Akpa Akpro raconte sa traversée du désert

Du chômage à la Ligue des Champions et un retour en sélection, Akpa Akpro raconte sa traversée du désert

De l’ombre à la lumière, l’International Ivoirien a connu des moments difficiles dans sa carrière notamment lorsqu’il a quitté Toulouse en 2018. Des moments sombres qu’il a tenu à partager dans une interview accordée à Footmercato.


Jean Daniel Akpa Akpro a renoué avec la sélection Ivoirienne depuis l’arrivée de Patrice Beaumelle à la tête de l’encadrement technique des Eléphants. L’ancien Toulousain a même eu droit à quelques minutes de jeu notamment lors de la double confrontation face à Madagascar pour le compte des éliminatoires de la CAN 2021.

 

Formé à Toulouse, le milieu de terrain a connu des moments assez compliqués dans sa carrière surtout en 2017 où les Dirigeants des Violets ont décidé de séparer de lui alors qu’il souhaitait être prolonger.

 

« C’était un départ triste. J'ai eu un peu de mal à l'encaisser parce que j'avais fait une saison noire et j'avais demandé au club de me prolonger d'un an, car j'avais été blessé pendant une bonne partie de l'année, hormis à la fin. Et ils ont refusé et m'ont laissé partir libre. Voilà pourquoi j'étais un peu triste et déçu. J'ai été formé au TFC, j'ai commencé à jouer au football là-bas à l'âge de 5 ans, j'ai fait vingt ans dans ce club et je pensais qu'ils allaient essayer de m'aider. Au final, non. Mais sincèrement, je garde de très bons souvenirs du TFC. C'est eux qui m'ont fait grandir, j'ai tout appris là-bas. J'ai été capitaine, j'ai vécu mes premières sélections avec la Côte d'Ivoire en étant dans ce club. J'ai gagné une CAN quand j'étais à Toulouse. J'ai fait un Mondial quand j'étais à Toulouse. J'ai tout vécu là-bas. »

 

Un départ qui s’est avéré être préjudiciable puisqu’il a été au chômage durant 6 mois avant de trouver un nouveau challenge du côté de l’Italie.

 

« À la fin de ma dernière année à Toulouse, je n'étais plus blessé. Mais j'ai été au chômage pendant six mois. À ce moment-là, j'avais envie de partir de la France. Des clubs étaient intéressés mais je pensais qu'il y en aurait plus. Donc j'ai refusé les propositions de ces clubs-là. Et à force de refuser, le temps est passé et en septembre je n'avais plus rien. En octobre, j'ai fait un essai à Aston Villa mais il n'a pas été concluant. Je suis donc revenu en France où je m'entraînais tout seul. Et fin janvier 2018, on m'a appelé pour me parler d'un club de deuxième division, la Salernitana, dont le président était aussi celui de la Lazio Rome (Claudio Lotito, ndlr). On m'a expliqué que si je faisais bien les choses à la Salernitana, j'avais des chances de signer à la Lazio Rome. En parallèle, le Dinamo Zagreb était aussi intéressé. Mais j'ai préféré partir en Italie car c'est un pays et un championnat que j'ai toujours aimé. Donc c'était le moment parfait pour moi d'y aller. »

 

Au vue des difficultés, Akpa Akpro a même voulu abandonner le football.

 

« Oui, je me suis dit après avoir refusé plusieurs clubs que ça devenait compliqué. On ne parle plus de toi. Déjà, on ne parlait pas beaucoup de moi car j'étais blessé à Toulouse. Quand j'étais au chômage, on pensait même que j'étais encore au TFC. Donc ça prouve bien que les gens ne savent plus rien de toi. C'était difficile mais j'ai eu la chance de trouver un club, de rebondir et de signer à la Lazio. (...) Mais, non, je n'ai jamais pensé à arrêter le football durant cette période. »

 

Pris dans l’étau, l’ancien Toulousain a pu compter sur un monde restreint dont la famille et quelques amis.

 

« En fait, vous ne faites pas trop le tri. Le tri se fait tout seul et naturellement. Donc je ne pouvais compter que sur ma famille et quelques amis. Quand je dis quelques amis, c'est-à-dire qu'ils se comptent sur les doigts d'une main. Sincèrement, ça va vite. Quand tu es au top, tout le monde est autour de toi et quand tu es dans le trou, il n'y a plus personne. Il n'y a que la famille. On ne peut compter que sur elle. »

 

Après avoir refusé plusieurs clubs, le natif de Toulouse opte enfin pour la Salernitana qui est un club de seconde division dont le propriétaire n’est autre que celui de la Lazio de Rome.

 

« Mon agent m'en a parlé. Ce n'était pas mon agent à l'époque, mais il l'est devenu ensuite. Il m'avait proposé auparavant des clubs de Championship et de Serie A. Je refusais à chaque fois. Mais lui me disait : "fais attention, à force de refuser, tu n'auras plus rien". Il n'a pas lâché l'affaire et il m'a trouvé ce club-là (la Salernitana). Il m’a dit que ce n'était peut-être pas le club dont je rêvais, mais qu'il pourrait me permettre d'aller dans un club plus haut car le président de la Salernitana est aussi le président de la Lazio Rome. J'ai dit ok, car je n'avais plus rien, mais surtout car c'était en Italie. J'y ai signé et je n'ai rien eu à dire, tout était top, l'encadrement, etc… »

 

Oublié par certains clubs Français alors qu’il était libre, Akpa Akpro n’arrive pas à l’expliquer.

 

« Je pense que certains m'ont oublié. D'autres ont dû dire que j'étais encore blessé. Je ne sais pas... On m'a dit que des personnes avaient mal parlé de moi. Donc c'est comme ça... »

 

Après la pluie, vient le beau temps ! La France ne l’a révélé, l’Italie va l’élever. Le 23 février 2018, Akpa Akpro qui n’avait plus joué depuis décembre 2016 retrouve le terrain lors d’une rencontre face Spezia. Il raconte.

 

« C'était fou ! Pour tout vous dire, j'ai joué mais j'étais complètement à la rue. En deuxième division, ce n'est pas comme en première division. C'est engagé, ça court de partout. J'étais vraiment à la rue. Je me suis dit que je n'étais pas du tout au niveau et qu'on allait se dire : "c'est qui ce joueur qu'ils ont recruté ?". Quand j'ai signé là-bas, j'avais dit au directeur que je ferais tout mon possible pour que l'équipe monte en Serie A. Je m'étais aussi dit qu'il fallait que je rentre dans l'histoire de la Salernitana, qu'il fallait faire monter le club et qu'ensuite je pourrais partir peut-être ailleurs. J'ai essayé mais ça n'a pas marché. (...) Lors du match face à la Spezia, il y avait beaucoup de sentiments mélangés. Ça faisait bizarre de jouer avec du public, que ça crie et en plus je ne comprenais pas trop la langue. C'était bizarre comme sensation mais j'étais heureux de rejouer au football, même si ce jour-là, j'avais été zéro (sourire).

 

C'est exactement ce que je voulais en signant à la Salernitana. Je souhaitais écrire l'histoire de ce club et monter en première division car ça faisait longtemps qu'il n'avait pas évolué en Serie A. L'an dernier, on était à deux doigts de faire les playoffs et on a perdu le dernier match. C'était un peu triste. Mais on avait vraiment tout qui était réuni pour bien faire dans ce club (…) »

 

L’opération séduction réussie, Akpa Akpro signe à la Lazio grâce au lobbying effectué par son président qui possède également l’autre club de Rome.

 

« Le président a parlé de moi comme il venait voir les matches de la Salernitana. Il m'aimait bien et il en a parlé à Simone Inzaghi. Le coach avait un peu suivi mes matches et il trouvait mon profil intéressant. Avec le directeur, ils ont jugé mon profil et ils étaient d'accord pour m'essayer dans un premier temps. La Lazio m'a donc fait signer tout en m'essayant pendant la préparation pour voir si j'étais au niveau. Comme le directeur l'a dit, il est parti me chercher lui-même. J'ai mis tout le monde d'accord et j'ai pu intégrer l'équipe cette saison.

 

Je me suis dit que j'avais fait le bon choix en signant à la Salernitana car ça m'a permis de rejoindre la Lazio. Au moment où j'ai signé, le club s'est qualifié pour la Ligue des Champions. C'était que du bonheur. Je sortais de la Serie B pour aller jouer dans un club qui allait jouer la Ligue des Champions. C'est top ! (...) La Lazio, c'est l'un des plus grands clubs d'Italie. Il fait partie des cinq plus grandes équipes du championnat. C'est un privilège d'être à la Lazio. Je ne réalise pas trop car ça va vite avec des matches tous les trois jours. Mais c'est énorme ! »

 

La Lazio ouvre les portes de la plus prestigieuse des compétitions européennes à l’ancien toulousain qui saisit aussitôt cette chance. Premier match en C1 et premier but, moment incroyable.

 

« C'était incroyable. La dernière fois qu'un joueur avait fait ça à la Lazio, c'était le coach ! Donc dans la vie, il y a des signes qui ne trompent pas. C'est lui qui me lance et je marque mon premier but en Champions League. J'étais très content. Mais je savais qu'on devait jouer après, je n'ai pas trop eu le temps de penser à ça car si tu y penses trop, tu peux te perdre. »

 

Des performances, du répondant sur le terrain, Akpa Akpro a su prendre sa revanche sur ses galères du passé.

 

« C'est une vraie revanche, pour moi-même aussi. Me dire que j'ai réussi à faire ce que je voulais faire et ce n'est pas fini ! Mais c'est aussi une revanche sur les gens qui ne pensaient pas me retrouver à ce niveau-là après ma blessure. Enfin, c'est du pur bonheur tout ce que je vis. Je me rends compte que j'ai bossé dur et que ça a payé. Quand les gens disent que seul le travail paye, c'est la vérité. Quand tu travailles, que tu as confiance en toi et que tu y crois, ça paye. J'espère donner l'exemple à d'autres personnes qui pensent que c'est mort. Ce n'est jamais mort dans le football comme dans la vie. Sauf que dans le foot, ça va plus vite. Aujourd'hui, je me sens vraiment plus fort mentalement par rapport à ça. Avant, si jamais il m'arrivait un petit truc, j'allais un peu baisser les bras pendant une ou deux semaines, alors que là, je me remets vite en question et ça va tout seul. Je sais à peu près ce qu'il se passe et quoi faire pour effacer tout ça. »

 

De retour en sélection Ivoirienne en octobre dernier après 5 ans d’absence, Jean Daniel Akpa Akpro compte aider les Eléphants à la CAN et surtout le Mondial après la non-participation à celui de 2018.

 

« Je veux aider la sélection à se qualifier pour la CAN et pour le prochain Mondial, si je suis toujours appelé. »

D'où provient l'info

  • Source : MondialSport.ci
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  • Date de publication :
  • Dernière mise à jour : Sam, 21 Nov 2020 à 14h 06
  • Contacter l'auteur : news@mondialsport.net

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