Premier et seul candidat déclaré à la succession de Sidy Diallo à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football, le président du Séwé Sport de San Pedro s'est prononcer sur ses potentiels concurrents dont Drogba et Kalou dans un récent entretien accordé à nos confrères de Sport-Ivoire. Eugène Diomandé, bien que membre du GX n’a pas souhaité représenter ce regroupement de présidents de clubs et de groupements d’intérêt réclamant depuis 2017 le départ de l’actuel Comité Exécutif de la FIF. Il en explique les raisons avant la parenthèse des ex-internationaux.
‘‘Je suis pour un débat plus fraternel, plus règlementaire et plus apaisé au niveau du football ivoirien’’
Vous êtes membre du GX et vous semblez ne pas avoir informé ce groupement opposé à la gestion de la FIF de votre intention. Avez-vous quitté ce bloc ?
Je ne suis pas ignorant de ces deux grands blocs. Je demeure, pour ma part, toujours membre du GX. Je viens de lire les propos de mon frère Koné Abdoulaye qui indique ne pas être informé de mon intention de candidature et affirme que le GX ne porte pas ma candidature. Je veux remercier Koné Abdoulaye pour la justesse de ses propos. Effectivement, je n'ai pas informé le GX. Mais, ce n'est pas par manque de courtoisie au GX pour lequel j'ai un grand respect. Il y a juste des divergences de point de vue sur la stratégie à adopter, les armes à utiliser.
Je suis pour un débat plus fraternel, plus règlementaire et plus apaisé au niveau du football ivoirien. C'est vrai, le GX porte en son sein des ténors du football ivoirien que je ne saurais ignorer. Et je me ferai fort de les rencontrer à mon arrivée, pour solliciter un entretien en vue de leur expliquer le sens de ma démarche. Je vous assure que ce serait un honneur que le GX porte ma candidature, en tant que locomotive de la réforme et des innovations du football ivoirien. En tant que porteur du programme que j'ai présenté. Alors si cette déclaration a frustré certains membres du GX, je tiens à m'en excuser. Mais pour moi, le GX doit œuvrer à la réconciliation.
‘‘Certaines personnes ont voulu prendre le GX en otage, au niveau des candidatures’’
Eugène Diomandé (Président du Séwé et Candidat à la présidence de la FIF de 2020)
Pourquoi avez-vous fait votre annonce de candidature hors du cadre du groupement auquel vous dites appartenir ?
Si j'ai fait ma déclaration en dehors du GX, cela porte sur deux raisons. La première est que je me veux le candidat de tous les clubs de Côte d'Ivoire. J'estime que si quelqu'un est candidat, il ne doit pas être un candidat du GX contre le candidat de la FIF. Un candidat qui veut réconcilier le football ivoirien ne doit pas se définir comme celui d'une partie. Tout simplement parce qu'il veut le bien de tout le football ivoirien et de tous ses acteurs. Et j'attire l'attention du GX sur cet aspect.
La seconde raison est que j'ai eu l'impression que certaines personnes ont voulu prendre le GX en otage, au niveau des candidatures. Ma démarche a été faite pour libérer les membres du GX de cette prise d'otage en quelque sorte. Au-delà de ce bloc, j'ai voulu que chacun en tant que président de club se prononce sur le programme et sur les capacités réelles des candidats. Et non pas, par rapport à leur appartenance au GX. Je tiens donc à indiquer à mes pairs qu'il n'était nullement dans mes intentions de les ignorer, ou de les frustrer. J'ai posé un acte pour amener les uns et les autres à prendre conscience du fait qu'il faut nous inscrire dans un cadre commun et fraternel.
L'objectif étant d'offrir le meilleur profil capable de rendre service au football ivoirien, et surtout aux clubs qui doivent profiter des dividendes du football et non de l'équipe nationale seulement. On ne peut pas porter une locomotive avec des wagons délabrés. Il faut que tous soient en bon état pour devenir le TGV du football africain.
‘‘La seule qualité de footballeur ne détermine pas la qualité et la capacité de gérer…’’
Depuis quelques temps, le slogan est « le football aux footballeurs » comme pour indiquer que la présidence de la FIF doit être occupée par un pratiquant. Quel est votre analyse de cette maxime ?
D’abord, je dois vous dire que j'ai été footballeur. J'ai joué au Stade d'Abidjan en cadet, j'ai joué à l'ASEC Mimosas en junior et j'ai participé à deux matches en sénior. Il faut que cela soit su par ceux qui l'ignorent. Je n'ai pas été plus loin pour mes études. Je suis pour que les anciens footballeurs intègrent l'organisation et l'activité du football de compétition en Côte d'Ivoire et à tous les niveaux. Mais, pour moi, il ne doit pas y avoir de combat à mener de manière factuelle, entre les footballeurs, les anciens et ceux qui n'ont pas joué au football et qui en sont des administrateurs. Pour moi, la seule qualité de footballeur ne détermine pas la qualité et la capacité de gérer et de conduire un club. Et les exemples sont légion.
‘‘Drogba n'a pas besoin d'être président pour apporter au football ivoirien’’
‘‘Kalou a des idées, de la personnalité et du caractère’’
Bonaventure Kalou et Didier Drogba sont susceptibles d’être des concurrents dans la course à la présidence de la FIF. Comment jugez-vous leur profil ?
Pour ce qui concerne les deux candidats potentiels, et je les invite à se déclarer aussi, ce sont des personnes pour lesquelles j'ai de l'estime. Je les respecte. Que ce soit Bonaventure Kalou, que je connais mieux au plan humain, qui a des idées, de la personnalité et du caractère, ou Didier Drogba qui est une icône incontestable du football, et qui peut apporter beaucoup au football ivoirien en tant que président.
Mais soit dit en passant, il (Drogba) n'a pas besoin d'être président pour apporter. Je ne lui conteste pourtant pas le droit de vouloir apporter en tant que président. Je ne vois pas cela d'un mauvais œil. Par contre, ce que je déplore un peu aujourd'hui, c'est que tout le monde connaisse l'état de délabrement financier des clubs ivoiriens et qu'ils (footballeurs) n'apportent pas leur pierre à l'édifice. Combien sont-ils les footballeurs ivoiriens qui sont venus investir dans un club en Côte d’Ivoire ? Il en n’existe pratiquement pas.
Alors que ces footballeurs ont les moyens de rehausser le niveau financier et partant, sportif de ces clubs-là. Ils ne veulent pas prendre de risques parce que la gestion d'un club au quotidien n'est pas facile. Il y a des retours de bâton. Mais justement quand on aspire gérer le football ivoirien dans son entièreté, il faut prendre le risque d'aller au charbon déjà au niveau des clubs. Je ne suis pas contre, mais l'intégration des footballeurs dans la gestion du football en Côte d'Ivoire doit se faire par dose homéopathique, de manière graduelle.
‘‘Ma candidature n’est pas contre celle de Drogba’’
Concernant Didier Drogba, il subit, depuis sa susceptible candidature, le courroux, selon nos informations, de quelques dirigeants et même d’anciens footballeurs. Trouvez-vous cela compréhensible ?
Je vois, moi aussi que l'annonce de candidature de Didier Drogba suscite des réactions des anciens dont certains sont contre. Je respecte l'avis de tout le monde, mais je trouve que c'est un peu déplorable. Je pense même qu'ils sont utilisés. Ils peuvent suivre leurs intérêts, mais pas ceux de certaines personnes qui sont souvent extra-sportifs, pour attaquer leur jeune frère.
Et puis, il est annoncé que ma candidature est contre celle de Drogba. Non, je ne suis pas candidat contre lui. Je suis candidat pour la présidence de la FIF. C’est comme à l’époque on me taxait d’être candidat contre Sidy Diallo, c’est complètement hors de propos. On n’est pas candidat contre une personne, mais on l’est parce qu’on porte un programme d’action.
Propos recueillis par Patrick GUITEY (Sport-ivoire)