L’histoire du football d’avant révèle d’énormes moments de tricheries et de violences, sans véritables sanctions. Mais Ken Aston, arbitre et passionné du football, a initié les cartons jaune et rouge pour mettre de l’ordre dans ce sport qu’il aime tant
La bataille rangée
Mondial 1962 au Chili, l’anglais Ken Aston officiait les derniers matches de sa carrière. Le plus dur pour lui a été le match Chili-Italie. Un match houleux. A peine le coup d’envoi est –il donné que la partie se transforme en une bataille de rue. Ken Aston court partout pour séparer les joueurs. Il faut savoir qu’à cette époque l’arbitre dispose de peu moyens de sanctions. Les joueurs commettent des fautes monstrueuses et ne risque rien d’autre, outre la sanction du coup franc, qu’une réprimande. Pendant le match, Ken Aston expulse un premier joueur italien. Celui-ci refuse de sortir du terrain et il faut faire appel aux policiers pour raccompagner le fautif aux vestiaires ! A deux autres reprises, les forces de l’ordre entreront sur le terrain pour séparer les joueurs qui se battent.
FEU ROUGE : STOP !
Quatre ans plus tard, Ken Aston, a quitté les terrains pour entrer à la commission de la FIFA, l’instance qui applique et interprète les lois du jeu et qui, surtout, peut proposer des modifications. 23 juillet 1966, à Wembley, Ken Aston assiste au quart de final Angleterre-Argentine. A la 33e minute, Rudolph Kreitlein, l’arbitre allemand, expulse Antonio Rattin. Dégoûté par le spectacle, Ken Aston monte dans sa voiture et prend le chemin de sa maison. Pris dans la circulation londonienne, il rumine et réfléchit à un moyen d’officialiser l’expulsion d’un joueur. « Il faudrait quelque chose de visuel, que tous les spectateurs puissent voir », pense t-il. Au moment où Ken Aston arrive sur Kesington High Street, le feu passe au rouge. L’idée jaillit alors dans le cerveau de l’ancien arbitre : « Jaune : attention. Rouge : Stop ! ». Ce n’est que quatre ans plus tard que le carton jaune imaginé par Ken Aston prendra place dans la poche d’un arbitre officiel. Le dimanche 31 mai 1970, M. Kurt Tschenscher, l’arbitre allemand, fut le premier à brandir le petit carton à bout de bras. Et Evgeni Lovchev, numéro 6 de l’équipe d’URSS, eut ce jour-là, le privilège de devenir le premier joueur averti lors d’un match de coupe du monde. Un honneur !
Chris Koffi Noubouzan
