Les grands défis qui attendent Patrice Beaumelle selon Tchétché Aimé

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Les grands défis qui attendent Patrice Beaumelle selon Tchétché Aimé

Les grands défis qui attendent Patrice Beaumelle selon Tchétché Aimé

Dans une chronique intitulée ‘‘ Patrice Beaumelle, 5 clés pour réussir sa mission’’, l’ancien Éléphant s’est attardé sur les défis qui attendent le nouveau sélectionneur des Pachydermes notamment le cas Gervinho et l’attribution du brassard, les deux clés développées dans ce présent article.


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Nommé le 4 mars 2020 à la tête de l’encadrement technique de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, Patrice Beaumelle arrive dans un environnement où il a tout de suite la pression en raison de l’obligation de résultat : qualifier les Eléphants pour la CAN 2021. Pour avoir été adjoint de Hervé Renard, sélectionneur de l’équipe ivoirienne de juillet 2014 à mars 2015, le technicien français ne fait pas un saut dans l’inconnu.

 

Toutefois, les enjeux et le contexte particulier lui recommandent la prise en compte de cinq

facteurs principaux pour réussir sa mission : sélectionner Gervinho, éviter une crise du capitanat, trouver une solution au poste d’avant-centre, prendre au moins quatre points face à Madagascar, faire preuve de caractère.

 

Ces questions, peut-être mises en veilleuse à cause de la crise du Covid-19, vont forcément se poser à lui quand la situation reviendra à la normale et que les compétitions reprendront. On peut donc en parler.

 

1-Sélectionner Gervinho

 

Comme j’ai déjà eu à le signifier dans l’une de mes précédentes chroniques, c’est une erreur de se passer de Yao Kouassi Gervais dit « Gervinho » dans la sélection ivoirienne actuelle. C’est mon point de vue, et je continue de l’assumer.

 

Gervinho a largement sa place dans cette équipe nationale et peut apporter une plus-value par son expérience, sa vitesse, sa percussion et son sens du but. Avec les Eléphants, celui qu’on surnomme « Jaguar » compte 84 sélections et 22 buts. Il est surtout le meilleur buteur en activité de notre équipe nationale, après la retraite internationale de Salomon Kalou (28). Celui-ci est le troisième meilleur buteur ivoirien de tous les temps derrière Didier Drogba (65) et Abdoulaye Traoré « Ben Badi » (50).

 

Gervinho est en cinquième position dans ce classement, à égalité avec Ibrahima Bakayoko, et derrière Joël Tiehi (25). Quand on considère la qualité de ce lot de joueurs exceptionnels dans lequel il figure, pourquoi se passer de « Jaguar » ? Ce d’autant plus qu’il est dans sa forme de 20 ans au regard de ses prestations dans le championnat italien. Il n’est certes pas l’hirondelle qui ferait le printemps, mais en même temps il est indéniable qu’il apporterait un plus aux Eléphants.

 

Autre aspect non négligeable, le fait de sélectionner Gervinho qui est l’un des joueurs ivoiriens en forme du moment préserverait Patrice Beaumelle d’un rejet populaire inutile que n’a pas su s’épargner son prédécesseur. L’histoire de l’humanité démontre que c’est très souvent dans la paix et la tranquillité qu’on réalise de grandes œuvres.

Pour Patrice Beaumelle, la deuxième clé de réussite de sa mission consistera à éviter l’apparition d’une crise du capitanat au sein de son groupe.

 

2-Eviter la crise du capitanat

« Je reconnais avoir commis une erreur avec le capitanat. Je n’avais pas compris que le capitaine avait un statut comme celui d’un chef de l’Etat, ici. Cela a été un problème difficile à gérer. Je voulais plusieurs capitaines parce que mon souhait était que tous les joueurs soient sur un pied d’égalité. Je voulais une équipe collective et c’est ce qui manque à la Côte d’Ivoire. Il ne faut pas faire de différence entre les joueurs. Si vous le faites, vous créez des conflits. Dans la mentalité africaine, l’ancienneté est très importante. J’ai énormément appris sur votre manière de voir et sur votre culture. Je suis un jeune Européen qui n’était jamais venu en Afrique et maintenant, je me rends compte de toutes les difficultés. »

 

Celui qui parle ainsi n’est autre que Marc Wilmots, en novembre 2017, dans les colonnes du quotidien gouvernemental, au lendemain de l’élimination des Eléphants du Mondial 2018. Les propos du techniciens belge, quart-finaliste de la Coupe du monde 2014, résument parfaitement les raisons pour lesquelles les entraîneurs européens échouent avec les sélections africaines. A son arrivée, Marc Wilmots a très mal géré l’épineuse question du brassard en équipe nationale de Côte d’Ivoire.

 

De ce que nous savons, alors qu’il avait promis le capitanat à Serey Dié à sa prise de fonction, il change d’avis lors du premier regroupement de l’équipe en mai 2017 en décidant de confier le brassard à Serge Aurier. Puis, quelque temps après, il choisit de le faire tournant entre Aurier, Gervinho, Eric Bailly et Salomon Kalou. Cette décision a pourri le groupe. Serey et Gervinho ont boudé les premières sorties sous Wilmots. Résultats : les Eléphants encaissent un cinglant 0-5 en amical, à Rotterdam face aux Pays-Bas, avant de se faire humilier quelques jours plus tard par la Guinée (2-3), au stade de la Paix de Bouaké, lors de la première journée des éliminatoires de la CAN 2019. Marc Wilmots avait ainsi perdu le contrôle de son groupe. Il ne s’en remettra plus.

 

Le capitanat a souvent pourri l’atmosphère au sein de la sélection ivoirienne car, comme l’a si bien remarqué Marc Wilmots, il confère un statut spécial à son titulaire. On se souvient qu’en 2011, à l’avènement de François Zahoui, Didier Drogba avait pris ses distances avec la sélection après le Mondial 2010 décevant. En son absence, le brassard a été confié à Kolo Touré, puis à Didier Zokora. Quand Drogba est revenu à de meilleurs sentiments, il ne lui a pas été facile de retrouver le capitanat.

 

Mais, en 2014, Sabri Lamouchi avait tranché dans le vif en décidant de confier le brassard à Yaya Touré au détriment de Didier Drogba. Ce choix avait créé un problème de leadership au sein de la sélection. Le résultat, on le connaît : élimination sans gloire à la phase de poules, au Brésil.

 

En remontant plus loin, dans les débuts de la Génération Dorée, sous l’ère Jacques Anouma, la question du brassard a mis fin à la carrière d’Ibrahima Bakayoko en équipe nationale. C’était en 2002. Capitaine depuis deux ans, buteur et star incontestée de la sélection, Ibrahima Bakayoko n’a pas supporté qu’à l’issue d’un vote des joueurs lors du premier regroupement après la CAN malienne, le capitanat soit revenu à Cyrille Domoraud. L’attaquant de l’Olympique de Marseille a boudé et a affiché une attitude qui a fini par exaspérer les dirigeants de la FIF.

 

Ceux-ci n’ont pas fait dans la dentelle en l’écartant purement et simplement de la sélection pour ne pas créer de problème de leadership. La question du capitanat n’est donc pas un jeu chez les Eléphants. Elle doit être traitée avec beaucoup de délicatesse par le sélectionneur. Si Patrice Beaumelle réussi à prendre la bonne décision, à savoir celle qui ne pourrisse pas l’atmosphère dans le groupe, il aura sans doute fait la moitié du chemin vers la réussite de sa mission.

 

Pour le reste, il devra se concentrer sur les questions techniques, en particulier le poste d’avant-centre. C’est la troisième clé de réussite avec les Eléphants pour Patrice Beaumelle.

 

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Sportivement

Aimé Tchétché

 

Aimé Tchétché

D'où provient l'info

  • Source : MondialSport.ci
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  • Dernière mise à jour : Mar, 24 Mar 2020 à 10h 55
  • Contacter l'auteur : news@mondialsport.net

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