Dans le numéro 325 de Onze Mondial, l’international Ivoirien évoque sa situation de supersub à l’OL, ses destinations de rêve en club, ce qu’il aurait fait s’il n’était pas devenu footballeur, et bien sûr les raisons qui l’ont poussé à opter pour son pays d’origine - la Côte d'Ivoire - au lieu de celui d’adoption, la France.
Ci-dessous un extrait de l’interview de Maxwel Cornet accordé au magazine français. Offrez-vous la version complète du magazine pour moins de 3 euros sur le site de Onze Mondial.
‘‘Je déteste ce rôle de joker de luxe’’
Comment ça se passe avec Bruno Génésio ?
C’est un coach que j’aime beaucoup parce que dans les moments difficiles, il a été présent, il m’a beaucoup soutenu et parlé. C’est un coach qui est souvent injustement décrié car chaque année, il qualifie le club pour la Ligue des Champions. Il est proche de ses joueurs et aujourd’hui, c’est important pour un groupe d’avoir un coach qui sait concerner ses joueurs. Je lui tire mon chapeau pour ça.
Tu le sens affecté par les critiques ?
On est dans un monde où il y a beaucoup de critiques. Même Cristiano Ronaldo et Messi sont critiqués. Donc ce n’est pas nous, à notre niveau, qui allons échapper aux critiques. Il faut passer au-dessus de ça et montrer qu’on est plus forts tout simplement. Le résultat, c’est sur le terrain.
Tous tes partenaires disent du bien de toi...
(Il coupe). En même temps, je suis facile à vivre (rires). Je pense que j’ai un bon état d’esprit, je ne suis pas un tricheur que ce soit à l’entraînement ou en match. Et je suis un bon vivant.
Sans cette bonne humeur, tu aurais pu surmonter toutes les épreuves que tu as pu connaître ?
Bien sûr parce que dans les moments où ça va moins bien, il faut s’accrocher à d’autres choses, à l’extra sportif par exemple. Il faut passer des moments avec sa famille, rigoler avec ses amis. Le foot n’est qu’un sport. Il y a des choses plus graves dans la vie...
Peux-tu me raconter une anecdote qui caractérise ta force de caractère ?
Avant le match face à City, j’ai réclamé du temps de jeu, car je n’en avais pas beaucoup en championnat. J’ai joué et j’ai été décisif. Quand tu demandes quelque chose, il faut assumer derrière.
Tu as de nombreux tatouages, pourquoi ?
J’ai un tatouage à la hanche, c’est une étoile avec le prénom de ma grand-mère qui m’est chère. J’ai une autre phrase aussi : ‘‘Rappelle- toi d’où tu viens pour savoir où tu dois aller’’, c’est une phrase qui me caractérise bien. Dans le dos, j’ai un guépard avec la savane en dessous. Le guépard est mon animal préféré, il incarne la rapidité et la savane me rappelle l’Afrique. J’ai un éléphant aussi qui représente la Côte d’Ivoire.
Tu as des sources d’inspiration ?
Oui, mon père parce que c’est un businessman. Il m’a un peu appris ce truc-là. Sur ce point-là, c’est mon idole. J’aimerais bien devenir un businessman aussi, un chef d’entreprise.
Pour être performant, Maxwel Cornet a besoin d’être titulaire ?
Pour être performant, il faut enchaîner car lorsque tu enchaînes, tu crées des automatismes que ce soit avec les partenaires ou au niveau des déplacements. Tu as de meilleures jambes pour finir les actions.
Quand on est sur le banc, on a l’avantage de pouvoir analyser les faiblesses de l’adversaire…
Je ne sais pas si tu as déjà joué au haut niveau, mais tout sportif de haut niveau a envie d’être sur le terrain. Ce n’est qu’en étant sur le terrain que l’on prend du plaisir. Et forcément, on va être décisif. Pour moi, ça ne sert à rien d’analyser les matchs en étant sur le banc, sinon dans ce cas, tu vas faire la vidéo avec l’entraîneur adjoint (rires). Tout simplement.
On parle souvent du statut de Maxwel Cornet, mais c’est quoi un statut ?
Il n’y a pas de statut dans le sens où il faut mériter sa place. C’est à dire que si tu es bon et que tu mérites de jouer, tu joues tout simplement. S’il y en a un qui est un peu moins bien, il se repose et toi qui es mieux, tu joues. Certains vont dire que j’ai un rôle de joker de luxe, mais je peux t’assurer que ce n’est clairement pas mon rôle.
Tu n’aimes pas quand on te dit que tu es un joker de luxe ?
Je déteste ça parce que ça ne me correspond pas.
‘‘La Côte d'Ivoire ? J’avais envie de découvrir la Coupe du Monde’’
Pourquoi avoir choisi la Côte d’Ivoire ?
Parce qu’à ce moment-là, on avait la possibilité de se qualifier pour le Mondial et je voulais participer à cette Coupe du Monde. Le premier coach qui m’a montré vraiment de l’intérêt, c’était le coach Wilmots. Et à partir du moment où j’aimais le pays comme je le disais, c’était simple.
Les binationaux sont souvent pointés du doigt. Les observateurs disent que c’est souvent un choix par défaut...
Non, ce n’est pas un choix par défaut, car j’étais en équipe de France espoirs, j’étais jeune – je le suis encore d’ailleurs – et j’aurais pu attendre. J’avais envie de découvrir la Coupe du Monde. Ça ne s’est pas fait, mais c’est mon choix et je l’assume.
‘‘Je rêve d’être businessman ou chef d’entreprise’’
Tu étais comment à l’école ?
Au départ, je me dispersais un peu. Après, je ne vais pas dire que j’étais très intelligent, mais je me débrouillais quand même. J’ai obtenu mon bac en candidat libre. J’étais quelqu’un de sérieux. Je faisais mes devoirs, mais j’aimais aussi embêter mes camarades (sourire).
Ton père était militaire, il devait être strict...
Oui, très strict même ! Il me mettait des grosses claques (il éclate de rires). J’ai une anecdote d’ailleurs. À l’époque, j’aimais bien les motos et quand je rentrais de l’école, il y avait toujours une moto garée devant chez moi. Ça faisait plusieurs mois qu’elle n’avait pas bougé. Et arrive ce qui doit arriver, je monte dessus pour faire le mariole et juste à ce moment-là, mon père passe devant la maison et me regarde en train de faire le mariole. Et là, il me sort : « Ok, je t’attends en haut ». Je peux te dire que ça a été chaud pour moi (rires). Mon père était strict, mais c’est grâce à lui que j’ai eu cette éducation. Je le remercie encore.
As-tu des rêves ?
Oui, bien sûr, comme tous les jeunes joueurs. Je rêve d’être businessman ou chef d’entreprise par exemple. Ça, c’est hors foot. Niveau foot, j’aimerais jouer dans les plus gros clubs européens comme le Real Madrid, Dortmund ou encore Barcelone.
Tu penses avoir le niveau pour jouer dans ces clubs-là ?
En tout cas, j’ai confiance en moi, je vais me donner les moyens d’y arriver.
C’est pour ça aussi que tu n’as jamais voulu quitter Lyon, parce que tu tiens à tes ambitions ?
Bien sûr, j’ai des ambitions et j’ai un plan de carrière. Aujourd’hui, je suis à l’Olympique Lyonnais qui est l’un des plus grands clubs en France et en Europe donc quitter Lyon pour moins bien, ça ne me dit rien pour le moment.
Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Militaire parce que mon père l’a été. Quand j’étais petit, je le regardais rentrer à la maison avec des étoiles plein les yeux. Il avait son treillis, c’était impressionnant. Il est rentré une fois avec son arme, je m’en souviens encore aujourd’hui. Je le regardais en mode : ‘‘Je veux devenir militaire’’. Et lui m’a tiré les oreilles en me disant : ‘‘Reste dans le foot, c’est mieux’’.