La prestation très moyenne de la Côte d’Ivoire face au Maroc lors de la dernière journée des éliminatoires pour le mondial Russe a mis un peu plus en lumière les carences tant collectives qu’individuelles de cette sélection Ivoirienne version marc Wilmots. Lors d’un entretien accordé à Frat Mat, le technicien Belge tente d’expliqué ce naufrage collectif.
«Nous avons mis une défense pratiquement à trois, avec trois défenseurs centraux. Déli, Gbamin et Kanon. Traoré Adama avait une pubalgie et Ghislain Konan avait ressenti quelque chose mercredi (08 novembre). Il n’était pas non plus à 100%. Voici à peu près les problèmes que nous avons eus»,
résume Wilmots à propos de ses choix défensifs. Une défense expérimentale dû aux absences de Jors Gnagnon (blessé) et Eric Bailly (suspendu). Le sélectionneur passe ensuite aux choix pour son milieu de terrain.
«Seko Fofana devait gagner les duels sur Boussoufa grâce à sa taille et Gradel qui était chargé de contrer El Ahmadi. Pendant 25 minutes, à part un coup franc et un corner des Marocains nous nous créons la meilleure occasion avec Gervinho. S’il la met, c’est autre match.»
Effectivement on se souvient encore de cette occasion de Gervinho. Lancé dans la profondeur, l’attaquant d’Hebei China Fortune parvient à se défaire du marquage de la meilleure défense de ces éliminatoires avec 0 but concédé, mais sa frappe passe au-dessus du cadre. Un but à ce moment de la partie (0-0) aurait certainement permis de voir un tout autre match des Eléphants.
«Nous avons également un problème de gardien qui était le titulaire et qui avait fait très peu de faute jusque-là. Mais depuis six mois, il est dans une passe un peu moins bonne au niveau de la confiance. Il est impliqué dans les deux buts. Depuis six mois nous avons eu pas mal de problèmes. Mais il y a des points positifs avec des jeunes prometteurs»
Oui, toute personne ayant assisté au match, peut en témoigner. Gbohouo a fait preuve de fébrilité sur nombres d’occasions et a une grande part de responsabilité dans les buts concédés, mais peut-on en conclure qu’il soit l'unique responsable de l’échec des Eléphants?
D’ailleurs c’est assez étrange et peu commun qu’un sélectionneur puisse ainsi incriminer ses propres joueurs qu’il est sensé défendre et surtout éviter de les jeter en pâture comme des sacrifiés…
Et comme si cela ne suffisait pas Wilmots remet une couche sur l’occase de Gervinho.
«C’était difficile. Mais si on avait transformé la première occasion qu’on s’était créée, les Marocains devaient sortir pour faire le jeu. Le terrain ne leur permettait pas de le faire.»
A croire que les performances en demi-teintes des pachydermes lors des récentes sorties étaient complètement étrangères à cette situation où la Côte d’Ivoire devait absolument gagner pour se qualifier alors qu’elle était première indiscutable de son groupe avant la prise de fonction du belge.
«Si on prend l’avantage, ils vont devoir faire le jeu pour sortir et nous avons de la vitesse pour les contrer et ce serait un autre match. Pour tout vous dire que dans match si on ne met pas les occasions, on ne peut pas gagner. Et si on fait une petite erreur derrière, on se fait punir. Ce match s’est joué à pas grande chose. Nous avons donné les buts aux Marocains. Le haut niveau, c’est faire le moins d’erreurs possibles et pour l’instant, on en fait trop. Ce qui veut dire qu’on est assez bon et c’est sur ce point qu’on doit tous s’améliorer.»,
a-t-il poursuivit pour étayer ses propos.
Pour en revenir au problème de gardien soulevé en début d’interview, Wilmots affirme clairement qu’en sa qualité d’entraineur, il ne pouvait rien contre les erreurs individuelles et que le choix de la titularisation de Gbohouo se justifiait par le vécu et l’expérience du portier du TP Mazembe.
«Je peux préparer tout ce que je veux mais les erreurs individuelles, l’entraîneur n’y peut rien. Avons-nous d’autres solutions ?
J’ai essayé Badra Ali dans les buts contre les Pays-Bas, il a commis une erreur sur le penalty et pouvait prendre un carton rouge. Je suis là depuis six mois et j’observe mais c’est un problème qu’une équipe commette autant d’erreurs. Blé Zadi n’a pas encore eu sa chance mais nous le voyons dans le championnat ivoirien. Mais quand je prends Gbohouo c’est sur la base de son vécu et son expérience.
C’est trop facile de tirer à boulets rouges sur quelqu’un. Tout le monde a sa responsabilité mais nous prenons trop de buts casse-tête. Soit on n’est pas assez fort, soit c’est le coach. Mais pour l’instant, nous n’avons pas encore trouvé cette ossature ou cet équilibre.»
Wilmots qui s’en remet à la FIF concernant son avenir à la tête de la sélection Ivoirien (pas de démission en vue), termine son entretien par une phrase pleine de sens et qui mérite réflexion.
«Il ne suffit pas de couper une tête pour résoudre le problème.»
Alors que faut-il faire pour retrouver cette Côte d'Ivoire qui dominait le continent il y a encore 2 ans de celà?
Cette élimination du mondial en Russie devrait servir de leçon pour repenser cette équipe et son administration…
Propos recueillis par Jean-Baptiste BEHI et Céleste Kolia de Fraternité Matin.