Qualifiée pour le 7ème Championnat d'Afrique des Nations (CHAN) 2022, la Côte d'Ivoire honorait en Algérie sa 5ème participation au tournoi dont elle a été le précurseur, pour avoir organisé la toute première édition en 2009. Après un premier tour un peu difficile, la sélection nationale s'est qualifiée pour les quarts de finale. Malheureusement, l'aventure s'est arrêtée à ce stade de la compétition face au pays hôte. Comment a-t-il vécu ce rendez-vous avec ses hommes ? Quelle analyse fait-il du parcours des Éléphants ? Quel sera l'avenir de cette sélection locale et de son entraîneur Souhalio Haïdara ? Le Président de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF), M. Yacine Idriss Diallo, répond à toutes ces interrogations dans cet entretien-bilan.
Les Eléphants sont sortis de cette édition du CHAN lors du second tour face au pays organisateur dans les ultimes minutes de la partie. Vous, en tant que Président de la Fédération Ivoirienne de Football, on imagine aisément que vous devez être déçu ?
Totalement déçu. Je l’ai dit, nous venions à cette compétition pour la remporter. Quand on vient à une compétition, c’est pour la remporter. Sur le chemin, il y a un certain nombre d’embuches et d’écueils. Il y a des regrets parce que, hier (vendredi 27 janvier, Ndlr) on a été éliminés, on n’est pas passés loin de la qualification avec de petites choses qui nous ont sans doute manqué. Mais une fois que l’émotion est passée, l’émotion de la défaite, l’émotion de la frustration liée à la défaite, on fait une analyse objective. Et si on fait une analyse objective, je pense que le résultat est à la hauteur du niveau de notre Ligue 1. A froid, je pense que le parcours a été honorable.
Passer le premier tour était considéré comme un exploit pour plus d'un observateur. Etait-ce votre lecture ?
Evidemment, nous étions dans une poule difficile avec la RD Congo qui a gagné deux fois ce CHAN, ensuite nous avions le Sénégal, champion d’Afrique en titre avec les A. A priori, nous étions un outsider avec l’Ouganda et c’est ce match qui nous a départagés. Nous avons pu, après une défaite, un nul, battre brillamment l’Ouganda. Ce qui nous a permis de nous qualifier pour les quarts de finale et d’avoir des espoirs. A priori, le fait de sortir de la poule est un bon résultat pour moi. En puis, cela situe notre Ligue 1 parmi les huit meilleures Ligues d’Afrique. Si vous êtes en quarts, vous êtes parmi les huit meilleurs championnats d’Afrique. Quelque part, pour moi, c’est une satisfaction, une progression, même si j’en attendais plus. Mais, on ne doit pas s’en satisfaire. On ne doit pas s’auto-glorifier. Nous devons comprendre qu’il nous reste encore du chemin à parcourir. Nous devons travailler avec les clubs de Ligue 1, Ligue 2, avec le Président de la Ligue Professionnelle, Salif Bictogo, et toutes ses équipes pour améliorer encore plus notre niveau. Mais, je demeure convaincu qu’avec ce que nous avons démarré, l’année prochaine, on va faire plus mieux encore parce qu’on a des joueurs de niveau intéressant, on a une compétition qui se joue régulièrement. On va avoir une compétition qui va être très disputée en fin de saison. Je pense qu’on est sur la bonne voie.
Pour ce que vous avez vu, que pensez-vous du niveau des joueurs ?
Pour être honnête, les niveaux sont disparates. Nous avons des joueurs qui ont une bonne qualité, nous avons des joueurs qui sont aussi moyens. Mais, ce qui était important là, c’est la solidarité et l’animation. Vous savez, quand on est dans un groupe tout le monde ne peut pas être au même niveau de compétences technique, tactique, mais ils ont montré une très grande solidarité. Que ce soit ceux qui étaient sur banc et qui n’ont jamais joué, ou ceux qui étaient sur le terrain qui ont joué tous les matches, ou ceux qui sont rentrés en cours de jeu pour essayer d’apporter leur contribution. Ce que je retiens, c’est que l’esprit était bon, que les joueurs se sont donnés. Je leur disais lors de ma dernière intervention qu’il fallait tout donner pour ne pas avoir de regrets. Et, je leur ai dit hier qu’ils vont avoir des regrets. Parce que, à quelques éléments près, ils auraient pu être demi-finalistes de cette compétition. Mais tout ceci participe de l’apprentissage. Nous devons tous comprendre que nous sommes en apprentissage. Même nous, en tant que Fédération, il y a neuf mois que nous sommes aux affaires. On ne peut pas, en neuf mois, tout faire parfaitement. Nous avons sans doute certes commis des erreurs, nous avons sans doute fait des choses qui n’étaient pas bonnes ou on n’a pas vu des choses par manque d’expérience. Nous aussi, nous sommes en apprentissage. C’est une très bonne expérience avec un résultat satisfaisant.
Président, y aura-t-il un programme spécifique d'entretien de la sélection locale quand on sait que les éliminatoires du prochain CHAN commencent en juillet ?
Non, il n’y aura pas de programme d’entretien. On repart pour la phase 2 de la compétition. Je souhaite que le Sélectionneur Haïdara Souhalio, qui va être reconduit pour le CHAN l’année prochaine, il faut bien le noter, je souhaite qu’il mette tous ses compteurs à zéro, qu’il ouvre bien ses yeux, qu’il aille sur tous les terrains de Ligue 1, et pourquoi pas de Ligue 2, voir les joueurs qui vont éclore de maintenant jusqu’à la fin de la saison. Il peut avoir un noyau, ce qui est logique quand on est Sélectionneur. Mais, il faut laisser ouvertes les portes de la sélection pour donner la chance à d’autres jeunes, à ceux qui auront été bons sur la seconde partie de la saison. Il faut faire un mixte avec les joueurs en forme du moment, ne pas se baser sur le passé ou l’affectif, par rapport à un joueur qu’on aime bien, il a été avec nous depuis. Je veux bien qu’il prenne ça comme base, mais que cela ne soit pas figé. Il ne faut pas fermer la porte aux joueurs qui vont jouer les quinze dernières journées du championnat. Je ne suis pas pour ça. Par contre, en fonction de l’échéance, en occurrence juillet, il mettra en place un programme. Sur la base de ce programme, on l’accompagnera. Son programme sera suivi comme on l’a fait pour cette compétition.
Vous êtes aussi au COCAN. A quel niveau situez-vous l’organisation du CHAN ici en Algérie et pensez-vous, avec ce que vous avez vu sur place, que la Cote d’Ivoire est bien partie pour réussir son challenge d’organisation de la CAN 2023 ?
J’ai totalement confiance à notre organisation. Vous savez, ce qu’il faut retenir, la CAN et le CHAN sont des compétitions qui appartiennent à la CAF. C’est ce que la CAF demande que nous mettrons en place sur le terrain. La CAF a des équipes dédiées par commissions et par responsabilités. Ici, au CHAN, ils ont mis en place un COCHAN en lien avec les équipes de la CAF qui ont donné les orientations. Nous, en venant ici, on a gagné en temps, voir ce qui s’appliquait localement, voir ce que sont les attentes de la CAF pour pouvoir déjà préparer, un an en avance, notre compétition. Les Algériens n’ont pas eu la chance que nous avons en venant ici. On a anticipé beaucoup de choses avec l’implication de Monsieur le Premier Ministre. Parce qu’il faut savoir que les choses sont claires. Le Président de la République fait de ce projet de la CAN une priorité avec les gros investissements qu’il a consentis. Il a confié ce projet au Premier Ministre, Patrick Achi, qui lui-même s’implique qu’au point même, une fois par semaine, il y a une réunion d’analyse de la situation point par point. Le Président du COCAN, le Président Amichia François et moi-même avions pour mission de dérouler une organisation parfaite. J’ai bon espoir, je suis convaincu que la Côte d’Ivoire qui a déjà dans sa tradition une grande capacité d’abord d’hospitalité et une grande capacité d’organisation avec des fils et filles compétents dans tous les secteurs, qu’on aura une très bonne CAN.