Au lendemain de ses premiers pas avec les Eléphants de Côte d’Ivoire fêtés par un but, le néo-international est revenu sur cet évènement marquant, mais également sur son choix de nationalité sportive dans un entretien accordé à France Football. Nous vous proposons quelques passages de ce moment de confession de l’ancien Bleuet.
Sébastien, jeudi dernier, nous sommes au quart d'heure de jeu de ce match face à Madagascar, Jonathan Kodjia doit céder sa place. Patrice Beaumelle, votre sélectionneur, vous demande de vous échauffer rapidement pour entrer et ainsi fêter votre première sélection avec la Côte d'Ivoire : que se passe-t-il dans votre tête ?
Je vois tout de suite qu'il y a un problème pour Kodjia. Je m'étais préparé les jours d'avant et le jour même pour être prêt à n'importe quel moment. A la limite, ce n'était pas un problème, même si ce n'est pas toujours évident de s'habituer au climat et toutes ces choses-là en quelques jours. C'est mentalement que j'étais prêt, tout simplement. Ça va vite. Mais après quelques minutes d'échauffement, avec la tension du match, une rencontre assez importante, on rentre vite dedans. Je dois avouer aussi que le groupe a fait que ça se passe bien. On fait en sorte de beaucoup se parler et d'être ensemble. Dans mon coeur, honnêtement, ç'a été beaucoup de choses. C'est officiel : j'ai porté les couleurs de la Côte d'Ivoire. C'est fort. Ça doit aussi booster sur les premières minutes et sur l'ensemble du match. Mais, sur l'instant, on ne pense pas forcément à tout ce que ça représente. On se dit surtout que c'est le moment de performer, d'être davantage concentré sur l'aspect technique, tactique, l'enjeu.
Que vous a dit votre mère ?
(Il sourit.) Que ce soit avant, pendant ou après, elle était contente, c'est normal. Elle était très, très fière. Il y a ma mère parce qu'elle est Ivoirienne, mais en vérité, que ce soient les frères et soeurs, ma famille, ma femme, mon père... Tout le monde était très, très content pour moi. J'ai vraiment apprécié.
La pression populaire, la qualité incertaine des pelouses, la différence au niveau du climat... Qu'avez-vous pensé de ce premier contact avec le continent africain ?
Pour être honnête, je n'ai pas eu l'occasion de venir beaucoup de fois en Côte d'Ivoire pour diverses raisons, mais je découvre de nouvelles choses tous les jours. Des fois, oui, on est surpris, il y a des choses qui ne se passent pas comme en Europe. Mais c'est peut-être aussi ça qui te fait encore plus apprécier ces moments qu'on peut passer ensemble. C'est juste énorme pour moi.
Parlons de ce choix d'opter pour la Côte d'Ivoire. Comment a mûri cette décision ?
Honnêtement, il (Patrice Beaumelle) est venu me voir il y a quelques mois à ce sujet. J'ai toujours eu le choix de la Côte d'Ivoire dans un coin de ma tête quand j'ai commencé le foot. Cela a toujours été d'actualité dans le sens où j'ai les deux nationalités. Pendant un bon moment, c'est vrai que la suite logique était d'aller avec la France parce que j'avais connu les catégories de jeunes et que j'avais grandi en France. Mais on mûrit, on réfléchit, beaucoup de choses se passent. Il y a aussi des contextes qui font qu'un choix peut être orienté. Aujourd'hui, si j'ai fait ce choix, c'est que j'arrive à un âge où je n'ai pas trop envie de jouer sur je ne sais quelle incertitude. J'avais envie de prendre ce qu'il y avait à prendre et de vraiment me faire plaisir. Qu'on me fasse confiance et retourner cette confiance. J'ai 26 ans, j'ai envie d'être important pour cette équipe de la Côte d'Ivoire et ne pas être juste un figurant et venir pour deux ou trois sélections. Je veux essayer de m'inscrire sur cette durée. Et ça me plaît. Le coach m'a donné envie de rejoindre la sélection et j'ai sauté le pas.
A-t-il été difficile de laisser tomber l'équipe de France ?
Non puisque je ne laisse rien tomber, je ne suis allé nul part. Je ne suis pas allé chez les A et je ne regrette pas du tout ce choix. Si je n'y suis pas allé, c'est qu'il y a des raisons, c'est la vie, c'est la carrière. Je suis content de ne pas y être allé car, sinon, je n'aurais pas pu rejoindre la Côte d'Ivoire. Didier Deschamps ? Chacun fait ses choix comme il le sent. Chacun fait son chemin par rapport à soi-même. On ne peut pas blamer quelque chose qui n'est pas arrivé. Si ce n'est pas arrivé, c'est que cela devait être comme ça. J'essaie d'éviter de regarder en arrière ou d'essayer d'avoir des regrets sur des choses qui auraient pu se passer. Aujourd'hui, il faut avancer, regarder de l'avant, prendre les opportunités, se concentrer dessus et être positif.