Geremi Njitap (Président de la FIFPro Afrique) donne les raisons de la suspension de l'AFI

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Geremi Njitap (Président de la FIFPro Afrique) donne les raisons de la suspension de l'AFI

Geremi Njitap (Président de la FIFPro Afrique) donne les raisons de la suspension de l'AFI

L'AFI a été suspendue hier soir suite à son refus de vouloir parrainer Didier Drogba. Le président de la FIFPro Afrique a tenu à mettre les points sur les i en expliquant la motivation de ce choix.


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À l’attention des membres de la FIFPRO Afrique,

 

La décision de suspendre l’Association des Footballeurs Ivoiriens (AFI) avec effet immédiat prise, selon les statuts de la FIFPRO, par Philippe Piat, son président, et Jonas Baer-Hoffmann, son Secrétaire général, a été notifiée ce jour à Cyrille Domoraud, le président de l’AFI.

 

En plein accord avec le Board de la FIFPRO Afrique, cette décision, dont le caractère exceptionnel ne peut vous échapper, est lourde de conséquences pour l’AFI, évidemment, mais également pour l’ensemble de la FIFPRO, et plus particulièrement pour ses membres africains. Elle est l’aboutissement d’un processus, long, parfois douloureux, qui a fini par marquer la rupture totale du contrat moral, qui lie l’AFI à la FIFPRO, à sa représentation continentale (la FIFPRO Afrique) et à son Board. Permettez-moi de reprendre le cheminement, qui a conduit à cette suspension afin de vous aider à comprendre comment et pourquoi cette décision a été prise.

 

1-/

Les élections à la présidence de la Fédération Ivoirienne de football (FIF), prévues en cette année 2020, donnent lieu à un appel à candidature. Les candidats doivent obtenir le parrainage d’au moins un des groupements d’intérêts qui siègent au sein de la FIF. Parmi eux, l’AFI, qui représente évidemment les joueurs.

 

2-/

Didier Drogba, membre créateur de l’AFI dont il est le vice-président, président d’honneur de la FIFPRO, et, faut-il le préciser, ancien footballeur, se déclare candidat à l’élection.

 

3-/

Au fil des semaines, ce qui n’était qu’une rumeur dont la presse est friande, semble se vérifier : l’AFI n’apporterait pas son parrainage à Didier Drogba. Lors des premiers échanges que Stéphane Burchkalter et moi provoquons, Cyrille Domoraud nous le confirme, tout en précisant que deux autres des cinq membres du Board de l’AFI défendent la même position (Aruna Dindane et Kolo Touré). Il reste alors totalement imperméable aux arguments que nous lui présentons et sourd devant notre demande, formelle, de reconsidérer sa position.

 

4-/

S’en suivent malgré tout de nombreux échanges, mais il devient vite évident que l’AFI, à en croire Cyrille Domoraud, donnera son parrainage à un autre candidat (ce qui se confirmera vite dans les médias locaux, Cyrille Domoraud précisant que cet accord de parrainage a été conclu il y a plus de 3 ans avec un président de club – comme indiqué ci-dessous).

 

5-/

Nous décidons donc d’organiser une conférence vidéo pour renouer le dialogue entre les parties prenantes et essayer de trouver une solution. Cyrille Domoraud, Aruna Dindane, Kolo Touré, Didier Drogba, Stéphane Burchkalter, Stéphane Saint-Raymond et moi-même participent à cette réunion. La tension est palpable. Cyrille Domoraud, Aruna Dindane et Kolo Touré reprochent à Didier Drogba que l’AFI n’ait pas été avertie en premier de son intention de se présenter à la présidence. Didier Drogba reconnaît une maladresse, mais souligne qu’il voulait d’abord convaincre les autres stakeholders du bien-fondé de sa candidature, d’autant plus qu’il pensait que le soutien de l’AFI lui était normalement et légitiment acquis.

 

C’est alors que Cyrille Domoraud, Aruna Dindane et Kolo Touré rappellent qu’ils se sont engagés, trois ans auparavant, avec un groupement, le GX, qui combat depuis le pouvoir fédéral en place, appelle au changement et présente son propre candidat, auquel l’AFI donnera son parrainage. Souhaitant rester fidèles aux engagements pris trois ans plus tôt, Cyrille Domoraud, Aruna Dindane, et Kolo Touré ne voient pas d’autre issue possible.

 

Il leur est rappelé que la donne a changé en trois ans et que Didier Drogba est désormais candidat. Il serait donc logique, sans se trahir, qu’ils revoient leur position. Les échanges qui suivront déboucheront sur la volonté, partagée, de voir Cyrille Domoraud et Didier Drogba se rencontrer à Abidjan avant de donner suite.

 

6-/

Cette rencontre n’a pas donné les résultats attendus. Bien au contraire. De même, après que l’AFI a organisé les mêmes réunions pour les deux autres candidats, Cyrille Domoraud et Didier Drogba ont rencontré ensemble les joueurs ivoiriens, favorables à Didier Drogba, comme nous l’avions appris.

 

7-/

Entre temps, Didier Drogba a donné connaissance de son programme, qui marque, évidemment, des avancées notoires, exceptionnelles même, notamment pour le statut, la protection, la reconnaissance, le contrat et le salaire du joueur en Côte d’Ivoire, après lesquels l’AFI court en vain depuis sa création.

 

8-/

Alors que les élections sont retardées pour cause de Covid-19, les évènements s’accélèrent et, passé l’étonnement devant une situation ubuesque, le ton commence à monter en Côte d’Ivoire et un peu partout ailleurs. Il m’apparaît alors évident que les parties n’arriveront pas à un accord, Cyrille Domoraud, Aruna Dindane et Kolo Touré, même s’ils se disent ouverts au dialogue, restant campés sur leurs positions. Je décide donc de convoquer un Board de la FIFPRO Afrique pour aborder le sujet (mai 2020).

 

9-/

Devant le Board, réuni en vidéo-conférence, j’expose la gravité de la situation. Cela n’échappe à personne. Cyrille Domoraud reprend les mêmes arguments (voir paragraphe 5) et ne convainc personne. Alors qu’Anthony Baffoe précise que, compte tenu de ses fonctions au sein de la CAF, il ne prendra pas part au débat, les autres membres du Board expliquent à CD que sa position est intenable, qu’elle est politiquement insoutenable et moralement indéfendable. Il est également fait allusion à la démarche statutaire : qui lui a donné mandat, trois ans auparavant, d’engager l’AFI avec le GX, alors que ce genre de décision appartient in fine, statutairement, à l’AG ? Et qui, aujourd’hui, lui a donné mandat de parrainer tel candidat, alors que l’AFI appartient aux joueurs, qui se sont presque unanimement prononcés en faveur de Didier Drogba ? Là encore, la décision appartient à l’AG et doit être précisée dans un procès-verbal. Le Board demande alors que ces documents lui soient fournis. Il ne les a toujours pas reçus. Et aucune AG ne sera convoquée officiellement…

 

Il est demandé, une fois encore, à Cyrille Domoraud de bien réfléchir à la portée d’une décision, qui dépasse la Côte d’Ivoire. Qui dépasse même l’Afrique. Ici ou là, au sein des membres de la FIFPRO, des voix s’élèvent, cherchent à comprendre. Il est même fait mention à Cyrille Domoraud, que Philippe Piat, président de la FIFPRO, s’est clairement prononcé en faveur de Didier Drogba, fort du combat qu’il a toujours mené auprès de la FIFPRO pour donner aux footballeurs la place qu’ils méritent dans le processus décisionnel au sein des instances.

 

Le Board demande, en conclusion, à Cyrille Domoraud de faire tout ce qu’il est possible pour ne pas aller à l’encontre des préconisations de la FIFPRO, dont l’AFI est membre, de revoir sa position et de prendre la seule décision qui s’impose à lui, comme elle s’imposerait à n’importe quel autre membre de la FIFPRO en pareilles circonstances.

Cyrille Domoraud entend la demande, dit qu’il y travaillera, mais ne nous laisse que peu d’espoirs, insistant sur « la situation particulière en Côte d’Ivoire » …

Je conclus la réunion en espérant que la raison finira par l’emporter.

 

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Alors que les internationaux ivoiriens donnent de la voix pour soutenir Didier Drogba et demander à l’AFI de faire de même et que la tension monte au pays, nous multiplions les échanges, Stéphane et moi, avec Cyrille Domoraud et Aruna Dindane (SG AFI), toujours dans l’espoir de trouver une solution. Je vous en fais grâce, mais il n’est inutile que vous sachiez, qu’il y est souvent – et malheureusement - question d’égo. Et malgré tous nos efforts et les heures passées à discuter, la triste réalité nous rattrape. L’AFI ne parrainera pas Didier Drogba !

 

11-/

Il m’appartenait néanmoins de convoquer un nouveau Board de la FIFPRO Afrique. Le Board de la dernière chance, le Board d’un espoir que je ne voulais pas vain. Cette réunion s’est tenue le vendredi 10 juillet, et il fut surtout question de faire comprendre à Cyrille Domoraud que la FIFPRO, comme la FIFPRO Afrique, ne pourrait pas ne pas réagir, fermement mais selon ses statuts, si l’AFI maintenait sa position.

 

Cyrille Domoraud confirma la tenue d’un Board de l’AFI le lundi 13 juillet. Et approuva le procès suivant : une fois la décision prise, et avant de la rendre publique, il s’engageait à prévenir le Board, qui déciderait alors s’il y avait lieu de se réunir immédiatement.

 

12-/

Le samedi 11 juillet, un grand nombre de joueurs ivoiriens se donnent rendez-vous au siège de l’AFI où Didier Drogba le rejoint. Le siège étant fermé, la réunion se déplace. Les joueurs, unanimement, demande que l’AFI parraine Didier Drogba. Feuille de présence signée, constat d’huissiers et articles de presse en témoignent.

 

Le même jour, Yaya Touré, ancien international ivoirien, m’écrit pour me demander de vérifier les conditions statutaires qui pourraient amener le Board de l’AFI à donner son parrainage à un autre candidat que Didier Drogba. Il s’étonne, au regard de l’engagement des joueurs et des délégués de l’AFI en faveur de Didier Drogba, que ces derniers aient pu donner un tel mandat au Board de l’AFI.

 

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Le Board de l’AFI se tient en VC le lundi 13 juillet en présence des cinq membres qui le composent : Cyrille Domoraud, Aruna Dindane, Kolo Touré, Didier Drogba et Stéphane Dimy. C’est une fois que ces deux derniers ont quitté la réunion (pour raisons personnelles) que le Board de l’AFI décide de donner son parrainage à un autre candidat.

 

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Cyrille Domoraud, Aruna Dindane et Kolo Touré appellent alors en VC Stéphane pour lui signaler leur position. Stéphane leur indique que la prise d’une telle décision sans aucun formalisme et sans lien avec une position officielle des footballeurs ivoiriens réunis en Assemblée Générale ne semble pas conforme aux statuts de l’association et fragilise considérablement leur décision.

 

15-/

Leur décision est d’autant plus critiquable que le Comité Directeur de l’AFI n’a pas convoqué et organisé la moindre AG depuis décembre 2017, ce qui met en lumière l’absence de toute procédure démocratique contraire non seulement aux statuts de l’AFI, mais aussi au principe de bonne gouvernance promu par la FIFPRO et ses divisions.

 

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Aruna Dindane demande alors à Stéphane de leur faire un mail pour expliquer juridiquement la démarche à respecter. Stéphane les informe qu’il va se rapprocher du département MDAS et du département juridique de la FIFPro pour leur soumettre avant la fin de la journée une position solide et officielle sur ce point important. Le mail de Stéphane expliquant le process formel à respecter qui tient compte de la tenue d’une AG, leur sera bien envoyé ce lundi 13 juillet à 19.00.

 

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Et plutôt que de revenir vers le Board de la FIFPRO comme Cyrille Domoraud l’avait promis, la décision est directement annoncée 30mn plus tard par voie d’un communiqué de presse sans aucun retour au Board Afrique, alors que Cyrille en est pourtant membre... Drôle de procédé !

 

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Le mardi 14 juillet, Didier Drogba écrit à Philippe Piat, président de la FIFPRO, pour lui demander d’intervenir devant une décision inique, anti démocratique et lourdes de conséquences pour la FIFPRO.

 

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Je prends la décision de convoquer, en urgence, un Board exceptionnel de la FIFPRO Afrique, en date du mercredi 15 juillet. Comme on pouvait s’y attendre, devant les retombées de la décision de l’AFI, Jonas Baer-Hoffmann (secrétaire général de la FIFPRO), Simon Colosimo (secrétaire général adjoint), Theo van Seggelen (ex secrétaire général de la FIFPRO) demandent à participer à la réunion, accompagné de Loïc Alves (département juridique de la FIFPRO). L’heure, il est vrai, est grave. Inutile de revenir ici en détail sur les discussions tenues.

 

Il est expliqué à Cyrille Domoraud, qui n’a convaincu personne, que la décision du Board de l’AFI, si elle n’évoluait pas, allait entraîner les sanctions prévues dans les statuts de la FIFPRO en pareilles circonstances, qui vont jusqu’à la suspension de l’association membre.

Parce qu’il n’est jamais bon, au sein d’une famille – et la FIFPRO en est une – que des sanctions aussi graves soient prononcées, nous avons donné une dernière chance à Cyrille Domoraud sous la forme d’un délai de 24 heures au terme duquel l’AFI serait officiellement suspendue.

 

Pendant quelques jours encore, nous avons malgré tout avec Stéphane essayé de sortir de l’ornière. Sans résultat. L’AFI est aujourd’hui officiellement suspendue. Et je suis le premier à le regretter. Mais au-delà des questions statutaires et d’arguments qui n’étaient pas audibles, nous ne pouvions pas aller contre nos convictions et notre engagement envers la FIFPRO.

 

Surtout, nous ne pouvions pas aller contre la volonté des footballeurs ivoiriens, du plus connu au plus anonyme d’entre eux, désireux de voir l’un des leurs porter leurs espoirs dans la conquête de la présidence de la FIF.

 

Nous n’avons pas oublié, nous, que nous n’existons que pour eux et par eux. En Côte d’Ivoire et partout ailleurs…

 

Merci de votre attention.

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Geremi Njitap

Président de la FIFPro Afrique

D'où provient l'info

  • Source : MondialSport.ci
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  • Date de publication :
  • Dernière mise à jour : Ven, 24 Jul 2020 à 15h 22
  • Contacter l'auteur : news@mondialsport.net

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