Kouamé Magloire est l’un des joueurs qui ont écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du club entre 2003 et 2009. Il en garde de bons souvenirs et les évoque avec beaucoup de plaisir pour la plus grande joie de nos lecteurs.
Que devenez-vous ?
Je m’occupe aujourd’hui des jeunes de la Société Omnisports de l’Armée en qualité de coach et de Directeur Sportif. Sur le plan matrimonial, je suis célibataire.
Comment êtes-vous arrivé à l’ASEC Mimosas ?
C’était en 2003, à l’issue d’un match amical entre mon centre formateur, le CSIS Kartala et l’équipe réserve de l’ASEC Mimosas que j’ai été retenu pour une série de tests avec l’équipe espoir de l’ASEC Mimosas qui était entraînée par AMANI Yao Lambert César. Après une seule séance d’en- traînement avec cette équipe, j’ai été promu en équipe professionnelle dirigée à l’époque par AKA Kouamé Basile. Mais c’est au Mercato de la mi-saison que j’avais pu être intégré dans la liste officielle des pros du club.
Quel a été votre parcours après l’ASEC Mimosas ?
J’ai évolué à l’ASEC Mimosas de 2003 à 2009. J’ai porté ensuite les couleurs de la SOA pendant une saison, puis de l’Africa Sports d’Abidjan où j’ai joué pendant 3 saisons, avant de me retrouver à l’AS Tanda pour 6 mois et j’ai terminé ma carrière à l’ES Bingerville, en Ligue 2, en 2014-2015.
Êtes-vous satisfait de votre carrière de footballeur ?
Je n’ai aucun regret. Je pense avoir bien fait tout ce que j’avais à faire, avoir donné tout ce que je pouvais aux clubs que j’ai servis, et avoir pris du plaisir à exercer ce métier de footballeur que j’ai beaucoup aimé. Hormis les blessures qui ont freiné ma progression, je n’ai aucun regret à proprement parler.
Quel a été votre coéquipier le plus fort à l’ASEC Mimosas ?
Pendant mes années ASEC Mimosas, j’ai joué avec plusieurs générations. Dans chacune d’elles, il y avait à chaque fois un joueur qui sortait du lot. Mais pour moi, le meilleur des meilleurs des différentes générations a été YA Konan Didier. Il était vraiment fort parce qu’il pouvait nous faire gagner un match grâce à son génie et son talent.
Quel est le vis-à-vis le plus fort qui vous posait des problèmes au niveau national ?
C’était un joueur du Stade d’Abidjan du nom de YABRÉ Raphaël qui avait fini par évoluer à l’ASEC Mimosas. Il était techniquement au-dessus de la moyenne et il faisait juste et bien ce qu’il devait faire sur un terrain. YABRÉ a été l’un des milieux de terrain qui me posaient de sérieux problèmes dans l’entre-jeu à chaque fois qu’on a joué contre le Stade d’Abidjan.
Et au niveau international ?
À ce niveau, c’était l’Égyptien Mohammed Abou TREIKA. Il était très difficile à marquer au milieu du terrain parce qu’il était tantôt à gauche, tan- tôt au milieu, tantôt à droit et dès qu’il recevait une balle, il la passait aussitôt à un coéquipier. Il ne laissait pas le temps à un adversaire de l’approcher pour le contrer. Et dès qu’il passait la balle à un coéquipier, il se déplaçait aussitôt. Abou TREIKA était un excellent joueur.
Avec quel coéquipier vous entendiez-vous le plus sur le terrain ?
Je dirai Arthur Valéry Pierre KOCOU avec qui j’ai constitué un excellent duo défensif au milieu du terrain pendant 5 à 6 saisons. On s’entendait très bien également en dehors du terrain. On était tout le temps ensemble au point que les Actionnaires confondaient nos deux noms.
Quel est celui qui avait le plus l’esprit professionnel ?
Je citerai deux coéquipiers : GOORÉ Dacosta Akès et SORO Bakari. Le premier inspirait le respect par son charisme et sa franchise. Il pouvait regarder un coéquipier dans les yeux et dire à celui-ci ce qu’il pensait de lui sans toutefois l’offenser. Il avait aussi une grande capacité à galvaniser ses coéquipiers avant une rencontre ou à les réconforter après une défaite. Le second a été notre capitaine durant deux saisons. Il savait aussi tirer le groupe vers le haut. Je ne suis pas étonné de voir que ces deux coéquipiers ont pu mener une bonne carrière professionnelle hors de nos frontières.
Quel était votre coéquipier le plus sympathique ?
Tous les coéquipiers l’étaient. On se fréquentait, on se rendait visite, on formait une famille. Il m’est difficile de citer l’un d’eux comme le plus sympathique.
Y a-t-il un coéquipier que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez revoir ?
C’est DIARRA Ali. Depuis qu’on s’est quitté en 2007, je n’ai plus eu de ses nouvelles. J’ai appris plus tard qu’il évoluait en Chine. C’était un bon joueur, quelqu’un de bien et de très fraternel avec qui on a passé de bons moments à l’ASEC Mimosas. J’aimerais le revoir ou avoir ses contacts pour communiquer souvent avec lui au téléphone.
Et l’entraîneur qui vous a marqué le plus à l’ASEC Mimosas ?
J’en ai connu deux : AKA Kouamé, en 2003 et Patrick LIEWIG, de 2004 à 2009. AKA Kouamé m’a marqué parce qu’il est le coach qui m’a tout de suite donné ma chance quand j’ai obtenu ma qualification en équipe professionnelle. Patrick LIEWIG a fait progresser toute l’équipe sur les plans technique, tactique, physique et mental. Il était contesté par les Actionnaires. Mais nous qui étions avec lui savions tout le bien qu’il nous faisait. C’est d’ailleurs pour cette raison que vous n’entendrez jamais l’un de ses anciens joueurs dire du mal de lui. Personnellement, cet entraîneur m’a beaucoup aidé à progresser sur les plans tactique et mental.
Quel est le meilleur souvenir de votre passage à l’ASEC Mimosas ?
C’est mon premier titre de champion de Côte d’Ivoire, en 2003. On devait gagner les trois derniers matchs du championnat national pour espérer remporter le titre. Et on l’a fait en une semaine contre trois des quatre grands clubs de légende d’Abidjan qui sont le Stade d’Abidjan, l’Africa Sports d’Abidjan et le Stella Club d’Adjamé. Ce qui était remarquable, c’est qu’on avait relevé ce défi avec un groupe rajeuni dont la majorité des joueurs arrivait fraichement de l’équipe réserve.
Et votre mauvais souvenir ?
C’est un mal que je m’explique encore difficilement et qui a précipité mon dé- part de l’ASEC Mimosas. Un jour, j’ai ressenti une forte douleur au dos quand je sortais de la douche. C’était le jour même d’un match important de Ligue des champions contre Monomotapa du Zimbabwe. Je n’ai pas pu disputer cette rencontre. Après, il a fallu faire des rééducations à n’en plus finir. Mais j’ai pu continuer de jouer quelques années de plus à la SOA, à l’Africa Sports d’Abidjan, à l’AS Tanda et à l’ES Bingerville.
Avez-vous une anecdote à raconter que vous n’avez jamais dite à quelqu’un ?
J’en ai deux concernant le PCA, Me Roger OUÉGNIN. La première est un fait qui s’est produit en 2005. Le PCA avait décidé, pour la fin de saison, d’un challenge de bonus de primes pour chaque victoire. On venait de battre le CO Korhogo et de percevoir une prime de 150 000 FCFA. Le match suivant devait nous opposer à l’éternel rival, l’Africa Sports d’Abidjan. On espérait que le PCA augmenterait encore les primes de match. Un soir, quand il nous a rendu visite pendant la mise au vert, on l’a approché pour lui dire : « Président, demain on jouera contre l’éternel rival. Les primes seront-elles revues à la hausse ». Il a appelé, sur-le- champ, l’intendant Hyacinthe COULIDIATI pour lui demander de ramener nos primes de victoire à 50 000 FCFA. Devant notre étonnement, il a dit que si un derby ASEC-Africa ne nous motivait pas, ce n’est pas une prime, quel que soit son montant, qui le ferait. Et il est resté sur sa décision. Mais on a battu (2-0) l’Africa Sports, le lendemain.
La seconde anecdote a eu lieu, en 2006, le jour d’un match aller de poules contre Enyimba IFC, à Aba, dans le sud-est du Nigeria. Il pleut beaucoup dans cette zone et ce jour-là, une pluie abondante était tombée sur la ville. Lorsqu’on est arrivé au stade, la pelouse était inondée. C'est ce jour-là que j’ai vu l’esprit protecteur et paternaliste du PCA, Me Roger OUÉGNIN, envers ses joueurs et son staff d’encadrants. Les Nigérians ne voulaient pas qu’on ait accès à nos vestiaires. Le PCA est entré dans une colère noire. Il a voulu aller vers le Commissaire au match pour lui demander de faire ouvrir les portes. Des agents des forces de l’ordre et des membres du comité d’organisation d’Enyimba ont voulu l’en empêcher. Le PCA a montré qu’il est intrépide. Il a foncé vers ces hommes qui tentaient de le repousser. Il les a affrontés et s’est frayé un chemin vers le Commissaire au match. Ce dernier a ordonné qu’on ouvre immédiatement les portes de nos vestiaires. Cela a été fait. Mais à l’intérieur, on avait déversé des choses dégueulasses, immondes. Le PCA a encore tempêté et exigé que tout cela soit nettoyé et que les vestiaires soient lavés. Ce qui a été fait et on a pu y entrer pour se préparer et en ressortir ensuite pour arracher le match nul (0-0). J’ai senti que ce Monsieur est prêt à tout pour protéger son équipe. Au match retour, à Abidjan, on l’a emporté (3-0).
Quel est votre mot de fin ?
Je remercie toutes les personnes qui m’ont permis d’évoluer à l’ASEC Mimosas. Partout où je me retrouve aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, on m’identifie seulement comme un ancien joueur de l’ASEC Mimosas alors que j’ai porté après les couleurs d’autres clubs nationaux. Cela me réjouit et me fait penser que quelque part, mes performances à l’ASEC Mimosas ont plus marqué les gens que celles que j’ai réalisées dans les autres clubs où j’ai joué. Je profite de l’occasion pour remercier le PCA, ses collaborateurs et les Actionnaires. Je souhaite également une bonne et heureuse année 2021 à la grande famille de l’ASEC Mimosas.