A voir l'image d'illustration, nul doute que sélectionneur de la Côte d'Ivoire est un technicien qui se veut méticuleux et prévoyant. Loin de nous donc l'idée de jeter l'opprobre sur la qualité du groupe qu'il a convoqué pour la double confrontation face à Madagascar. Mais force est de constater que celui-ci, comme le précédent, présente le même "déséquilibre", la même "incohérence".
C'est à partir de ce lundi 09 novembre que les 26 Éléphants convoqués par Patrice Beaumelle doivent regagner leur lieu de rassemblement dans la capitale économique ivoirienne. Deux noms devraient manquer à l'appel : Éric Bailly et Jean-Évrard Kouassi. Annoncé blessé par son club (United), le premier cité pourrait venir faire constater sa blessure. Le second a lui-même annoncé via les réseaux sociaux que son club, Wuhan Zall, s'oppose fermement à sa sortie de Chine.
Hormis ces "forfaits" prévisibles, les autres faits marquants de la liste du technicien français sont l'absence d'Ismaël Traoré, 2è ivoirien le plus décisif des 5 grands championnats derrière Wilfried Zaha, et enfin l'absence d'au moins un milieu créatif, le fameux meneur de jeu évoqué dans le titre.
Une animation du jeu désuète
Face à la Belgique et au Japon en octobre dernier, si le système en 3-4-3 ou 3-5-2 intriguait, l'animation du jeu quant à elle laissait à désirer. Une équipe coupée en deux qui s'en remettait presque exclusivement à ses individualités pour essayer de faire la différence. Une formule qui rappelle vaguement celle de son prédécesseur Kamara Ibrahim, et qui a payé sur l'unique but inscrit face à l'équipe remaniée de la Belgique. Un penalty provoqué par Zaha, transformé par Kessié. Inutile de précisé que cette formule qui ne permet pas d'exploiter le plein potentiel des hommes sur le terrain, agace. Comment la Côte d'Ivoire peut être réduite à ce jeu avec des joueurs d'une telle qualité ? Peut-on s'attendre à mieux face à Madagascar ? Pas si sûr au regard de la composition du groupe de l'ex-adjoint d'Hervé Renard.
0 milieu créatif
Non, un profil de joueur à lui seul ne suffira pas au groupe de Beaumelle de produire le jeu alléchant tant espéré par les fans des Éléphants et observateur de cette grande équipe de la Côte d’Ivoire en quête de son lustre d'antan. Mais quel bien fou ferait un milieu à vocation véritablement offensive, qui fera la transition entre les récupérateurs et les avants, qui mettra le n°9 dans de meilleurs conditions. Quel régale se serait de voir dans le milieu, un homme qui donnera le ton de la rencontre, impulsera le rythme à suivre. (…) Longtemps Jean Michael Seri était pressenti pour occuper ce poste autrefois réservé à Yaya Touré. Hélas, l'ancien lauréat du Prix Marc Vivien Foé n'a jamais donné satisfaction. Ce poste restera malheureusement vacant face aux Bareas.
En effet, des 26 joueurs convoqués, pas un seul n'a ce profil. Pour son milieu, Beaumelle a fait appel à 5 profils avant tout défensifs : Serey Dié, Sangaré Ibrahim, Digbo Maïga, Akpa Akpro, Franck Kessié. La dernière cité semble avoir l'étoffe pour camper ce rôle. Encore faut-il qu'il soit exempt des tâches défensives. Son apport offensif au Milan fait grand bien au club lombard.
Ce n'est pas non plus en attaque qu'on a la trace du meneur tant espéré avec les 5 ailiers et 4 avant-centres convoqués. Souvent utilisé dans ce rôle de milieu créatif, Max Gradel a toujours déçu. Son sens du devoir l'a toujours conduit à défendre, au point de ne plus avoir la lucidité d'éclairer le jeu offensif.
Jérémie Boga meneur ? Non, c'est d'abord un ailier et occasionnellement un avant-centre de soutien. La saison dernière avec Sassuolo, sa saison la plus prolifique avec 11 buts et 4 passes décisives en 35 rencontres, le joueur formé à Chelsea a joué à 31 reprises ailier, 2 fois faux 9 et une fois avant-centre. Lors de ses 3 matchs disputés cette saison, Boga a été utilisé comme ailier gauche face au Torino et plus récemment face à Udinese. Seule l’opposition napolitaine a poussé Roberto De Zerbi a placé Boga en position de milieu offensif aux côtés de Traoré Hamed. Jérémie Boga est certes un attaquant polyvalent, mais reste un attaquant, loin du profil ‘‘Yaya Touré’’ recherché.
Traorè Hamed & Angelo Fulgini espérés
A part Seri qu'on imagine non-convoqué pour son manque de temps de jeu en club, faut-il en déduire qu'il n'y a plus de joueur ivoirien capable de prendre le jeu à son compte ? Évidemment que non ! Il est vrai cependant que ce profile ne cours pas les rues. Mais un coup d'œil en direction des Espoirs peut donner de l'espoir et même une solution : Traorè Hamed Junior. À tout juste 20 ans, l'ancienne pépite d'Empoli est à sa 2è saison dans l'élite du football Italien. Le milieu de Sassuolo, c'est son affaire. La saison dernière déjà Hamed Traorè s’était illustré à 18 reprises au poste de milieu offensif en 33 rencontres disputées. Cette saison il est de nouveau reconduit au poste de milieu offensif. Régulièrement titulaire depuis son arrivée à Sassuolo, l'Éléphant Olympique mange du Naples, de l'Inter, du Milan ou encore de la Juve au quotidien. Un régime apparemment pas assez riche pour Beaumelle.
L'autre option, et c'est celle privilégié par le sélectionneur, se nomme Angelo Fulgini. A 26 ans, le milieu d'Angers a le cœur qui balance entre la France et la Côte d'Ivoire. Les changements de nationalité sportive de Willy Boly et Sébastien Haller vont peut-être l'aider à se décider.
Au secours les Solistes !
Pour en revenir à la question qui fonde cet article à savoir "Beaumelle a-t-il retenu les leçons du passé ?", nous sommes tentés de répondre Non ! Au vue de la composition des hommes, sauf si dépassement de fonctions des joueurs il y a, la Côte d'Ivoire devrait s'en remettre "encore" à ses individualités, notamment ses ailiers qui sur le continent ne sont pas lois d'être les meilleurs à leur poste. Est-ce ça la méthode Beaumelle ?